Le Sentier du Fer de Pinsot     

La Forêt - étape 8      

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   Texte de la plaque :
 


 « La Forêt feuillue est traîtée en taillis, une coupe rase tous les  20 ans.
 Jusqu'au XVIIIe siècle, elle est considérée comme un réservoir  inépuisable,  la multiplication des usines à feu l'a beaucoup appauvrie.
 Un espace important est réservé aux pâturages.
 La production de bois d'oeuvre résineux est aujourd'hui un des objectifs  assigné à la forêt
. »

 


  L'appauvrissement des réserves de bois pour la production du charbon de bois nécessaire au fonctionnement des fours et des forges était un problème récurant depuis plusieurs années ainsi qu'en témoigne l'extrait d'une lettre de Louis Souquet, Directeur des usines d'Allevard, datée du 10 pluviôse an VI (29 janvier 1798) :

«... depuis environ trois ans il s'y est établi plusieurs forges et l'on sollicite encore pour y établir un haut fourneau, si le gouvernement permet de pareils établissements dans ce canton, dans quatre ou cinq ans les forêts seront toutes exploitées. Que deviendront tant d'habitants qui ne connaissent d'autre genre de travail que celui des exploitations et des fabriques ayant des montagnes aussi riches en minerai

...

que celles du Canton qui sont inépuisables... » (1)

Différentes mesures vont être envisagées pour préserver la forêt parmi lesquelles la fermeture, voir même la démolition, de nombreuses forges. Ainsi le 12 messidor an VIII (1er juillet 1800) les habitants des communes de Pinsot et de La Ferrière adressent une pétition au Préfet pour que la forge de Pinsot appartenant au sieur Grasset soit maintenue en activité.
En fait cette pétition s'appelle un exposé dont l'argumentation est conduite en termes respectueux mais non moins insistants, puis très flatteurs vers la fin, comme on peut en juger par la transcription ci-après :

  Les habitants en question, « ... vous exposent Citoyen préfet qu'il existait autrefois dans les communes de Pinsot et la Ferrière plusieurs martinets dont il ne subsiste plus que les vestiges, leur destruction a porté un préjudice considérable aux exposants.
D'abord ils ont été obligés d'aller au loin faire fabriquer ou réparer leurs outils d'agriculture; le temps qu'ils perdaient pour cet objet, la plus value des fers qu'ils employaient ont été pour eux une surcharge incalculable. Ensuite l'unique ressource des propriétaires consiste dans le produit de leurs forêts qu'ils vendaient alors avantageusement sur place, mais depuis l'anéantissement de ces usines ils ont été obligés de vendre leur charbon à vil prix et encore de le porter aux forges d'Allevard distantes de près de quatre heures de chemin de la Ferrière et deux heures de Pinsot; encore existent-ils sur la commune de la Ferrière des bois qu'on ne peut exploiter pour emporter le charbon à Allevard, parce que la façon du charbon et la voiture excéderaient le prix qu'on pourrait en retirer.
   A notre sollicitation le citoyen Jean Grasset d'Allevard a construit sur la commune de Pinsot un martinet dont l'existence a fait cesser tous les inconvénients qu'avait entraîné la destruction des anciennes usines. Et il avait eu pour cet établissement le voeu le plus solennel des administrations municipales de Pinsot, la Ferrière, d'Allevard, du Directoire du district de Grenoble et du Département de l'Isère.
   Nous ignorons s'il reste d'autres formalités à remplir de la part du citoyen Jean Grasset, mais nous avons appris que l'existence de son martinet est menacée, et nous savons quel préjudice cela nous causerait. Sous un gouvernement juste, avec un administrateur impartiale et éclairé nous n'avons point à craindre ce coup d'autorité qui nous replongerait au même état de détresse où nous étions avant l'établissement du martinet du citoyen Jean Grasset.
   C'est pour le prévenir, citoyen préfet, c'est pour éclairer votre religion, que nous adressons avec confiance à vous.
   Nous venons de vous mettre sous les yeux les motifs de nos craintes et de nos réclamations, et nous vous prions citoyen préfet d'interposer vos bons offices auprès du gouvernement, pour la conservation du martinet du citoyen Grasset, nul doute que le Ministre de l'intérieur d'après votre avis et votre recommandation, ne s'empresse de convertir en définitive l'autorisation annuelle et provisoire qu'il a accordée pour l'activité du martinet.
Pinsot 12 messidor an 8 de la république française.
»

   Suivent environ quatre-vingt-dix signatures d'habitants de La Ferrière et de Pinsot.
 (2)
   La réponse de l'Inspecteur des Mines au citoyen Picard, préfet général du département de l'Isère viendra trois mois plus tard :

« Il paraît que le Ministre de l'Intérieur, en prenant la décision du 14 prairial dernier (3 juin) sur cette usine, a crû que le citoyen Grasset tenait en activité deux forges; l'une pour y fondre du minerai et le convertir en fer au premier feu, opération qu'on appelle à la catalane; l'autre pour y affiner la gueuse. Le Ministre a en conséquence ordonné la démolition de la première et a provisoirement autorisé le citoyen Grasset à maintenir en activité la dernière pendant l'année. Cependant comme il est conscient que cet entrepreneur n'a établi qu'une grande forge dans laquelle il traite alternativement du minerai à la catalane, ou de la fonte de fer à la méthode du pays...»
 (3).

La démolition ne sera pas effectuée.
   Ces textes montrent tous les problèmes liés à une intense activité minière très gourmande en bois. Dès le XVIIIe siècle l'inquiétude apparaît et donne lieu localement à des surveillances sévères des forêts et à des conflits notamment avec le comte de Barral à Allevard.

Pour plus de détails, consulter : « Allevard, la forêt déchirée ». Voir à la page "Lectures", publication de Georges Salamand.





RÉFÉRENCES :
(1) Archives Nationales - cote : F/14/4367, dossier 9 + 14.
(2) Archives Nationales - cote : F/14/4366, dossier 8 -294.
(3) Archives Nationales - cote : F/14/4366, dossier 8 -293.

 

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